Pour
notre conscience
Le biologiste
et philosophe français Henri Laborit avait en son temps émis l’hypothèse selon
laquelle face à l’oppression, l’être humain n’avait que trois possibilités
fondamentales : la soumission, la lutte ou la fuite. Dans la grille
d’analyse sociobiologique qu’il a élaborée, le suicide constitue la forme de
fuite la plus extrême. Face à la crise programmée qui s’abat sur le Gabon,
puissent les victimes de l’injustice du régime Bongo-PDG ne jamais oublier que
le meilleur antidote à la souffrance engendrée par un système quel qu’il soit
est justement de combattre celui-ci.
Francisco
José de Goya y Lucientes (peintre et intellectuel espagnol qui a soutenu la
révolution française contre ses pairs) disait « Le sommeil de la raison
engendre des monstres », Ce blog renchérit en disant que celui de la vertu,
lui, entraine des catastrophes.
Le sommeil de la raison engendre des monstres Oeuvre du peintre Francisco José de Goya, |
Si nous lisons
attentivement la liste de nécrologies du quotidien gouvernemental « L’Union »
qui s’allonge de jour en jour un peu plus, nous verrons que ce sont des
ouvriers, des chômeurs, de petits entrepreneurs, des retraités, des
travailleurs pauvres, des enfants, des femmes enceintes, des étudiants, des
élèves, bref laquelle nous ajouterons la disponibilité à la boucherie sociale
du gouvernement de l’Etat Bongo-PDG. C’est le coût humain payé quotidiennement par
les gabonais à la crise générée par un système corrompu et incompétent. Il s’agit
ici d’un massacre d’État. Et c’est juste, parce que les politiques
économiques, les règlements, les défaillances des pouvoirs publics de l’Etat
Bongo-PDG ne sont pas innocents. Ce gouvernement de comiques ignore ces
morts. Il préfère enfouir la tête du pays dans les sables mouvants de ses excès :
80 voyages par an en raison de cinq millions d’euro par voyage, des achats de
prestige, des dépenses inopportunes, des compétitions sportives et de forums
bidons qui ont pour seuls buts que de se satisfaire d’un égo démesuré et d’un gout
de gloriole démentiel d'un dictateur d'un autre temps, bref, aucune rationalisation des choix dépensifs par
rapport aux nécessités des gabonais.
Ne pas
combattre ce système revient donc à se suicider. Il ne s’agit plus ici de la
simple soumission mais du stade ultime de la fuite : le suicide. En se
suicidant on fuit devant ses responsabilités dans l’espoir bien réel de ne pas
être poursuivi au delà de la mort. Les gabonais qui ne combattent pas ce système
contribuent, par leur indifférence à la mort programmée du Gabon et à la
dissolution de notre souveraineté. Ceux qui soutiennent ce système sont auteurs
ou complices des massacres d’Etat en cours et ils devront en répondre devant le
tribunal du peuple.
Pour ceux qui
hésitent encore, ce blog a le devoir de rappeler quelques principes qui soutiennent
leurs droits à disposer de leur liberté :
Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu
ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément (article 3déclaration
universelle des droits de l’homme du 26 août 1789).
Déclaration des droits de l'homme 1789 |
«Tout acte exercé contre un
homme hors des cas et sans les formes que la loi détermine, est arbitraire et
tyrannique ; celui contre lequel on voudrait l’exécuter par la violence a le
droit de le repousser par la force» (Article 11 des Droits de l’Homme et des Citoyens de
1793).
L’article 35 de la déclaration du 24 juin 1793 : « Quand le gouvernement viole les
droits du peuple, l'insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du
peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. »
A la lecture de ces différents textes, la
résistance à l'oppression se traduit comme un devoir et une obligation morale à
l’opposition au gouvernement Bongo-PDG, qui dans ses actions ou inactions,
bafoue, viol, néglige les droits élémentaires et naturels du peuple gabonais.
Après que toutes les autres formes d'opposition
légale aient été épuisées (pétition, manifestation, grèves, négociations,
conférences nationales, accords de paris ...), l'insurrection est pour le
peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus
indispensable des devoirs.
Les gabonais ont le
droit de mener toute action, de prendre toute initiative allant dans le sens de
la défense de leurs droits contre la tyrannie et l’arbitraire d’un pouvoir illégitime.
On voit que pour recouvrer notre souveraineté les
pistes pour faire tomber le régime le plus autoritaire d’Afrique sont
nombreuses. L’insurrection, qu’elle soit violente ou non violente, est l’une d’elle.
Aujourd’hui
nous entamons la deuxièmes partie de l’examen des pistes d’accès du peuple à
la souveraineté confisquée.
Jean Ndouanis
Septième piste d’accès du peuple à
la souveraineté : Les soulèvements populaires et la désobéissance civile
1/ Les soulèvements
Joseph Rédjambé Issany, opposant gabonais assassiné par Ali Bongo et son père adoptif. |
Les soulèvements populaires au Gabon ébranlent souvent le pouvoir au point ou il est obligé de faire quelques concessions bien vite oubliées dés que la tension sociale baisse. Ces soulèvements sont malheureusement plus émotifs (assassinats, revendications politiques, corporatistes…) que révolutionnaires ou idéologiques.
En effet, ils se font presque souvent à la suite de l’assassinat d’un leader de l’opposition, comme ce fut le cas en 1990 avec l’assassinat de Joseph Redjambé, ou à la suite des élections truquées, ou même des mesures sociales impopulaires. Mais ces soulèvements sont malheureusement limités dans le temps, deux ou trois jours au plus. En plus, les partis de l’opposition autorisée sont quasi inexistants pour entretenir la flamme des revendications politiques, syndicales ou sociales de peur d’être taxé de comploteur contre le régime de Bongo.
Il est vrai
que suivant les travaux du sociologue français Gustave Le Bon à la fin du
XIXème siècle, les adultes, lorsqu’ils réagissent à une émotion collective, se
comportent comme des enfants. Ils deviennent influençables à la suggestion d’un
meneur qui incarne pour eux durant un instant la figure paternelle.
Mais le succès
de cette piste dépend de faiblesses à l'intérieur du système Bongo-PDG.
Le principe
est simple : exacerber toutes les frustrations, rendre l’autorité
politique responsable de tous les problèmes, manipuler des jeunes selon le
scénario freudien du « meurtre du père », pousser l’armée à organiser
un coup d’État, et faire croire que les membres du gouvernement se sont enfuit
ou ont fait défection, renverser le gouvernement par la rue.
Cette piste mérite toute l’attention
des partisans du changement. Il faudrait mettre en place deux réseaux
totalement séparés et sans contact. Ceux-ci doivent êtres coordonnés par une
cellule très réduite des membres, deux ou trois au plus. Le premier réseau aura
pour rôle d’infiltrer le pouvoir et surtout les services de renseignements. Il
aura la double mission d’intoxiquer le pouvoir en y ventilant des fausses
informations et d’autre part de renseigner la coordination sur les actions
projetées par le pouvoir. Le deuxième réseau doit s’infiltrer au niveau des
manifestations son rôle sera d’entretenir la flamme du mouvement pendant plus
de quatre jours. Etant au feu de l’action, ils surveilleront les actions des
leaders du mouvement de revendication, ils dénonceront donc à l’ensemble du
mouvement les éventuelles compromissions des leaders avec le pouvoir. Ils
imposeront des objectifs clairs de leurs revendications qui devraient êtres
impossibles à réaliser par le pouvoir. Il faudrait dans ce réseau des personnes
de conviction, engagées et très courageuses. Il est rare de trouver ce type de
personnes au Gabon mais elles existent.
Ce mouvement devrait être mené de concert dans
toutes les grandes villes comme
Libreville, Port-Gentil, Lambaréné, Mouila, Tchibanga, Makokou, Oyem,
Franceville et Koulamoutou. Un soulèvement populaire bien organisé et
suffisamment secret peut entraîner la chute de la dictature de Libreville, mais
à quel prix ? Il y a toujours un prix à payer pour la liberté, le Gabon
n’a toujours pas eu sa liberté, il faudra pourtant qu’un jour elle l’obtienne,
même au prix du sang versé par les nombreux martyres d’une société libre et
totalement indépendante. Quoi qu’il en soit la coordination aura deux défis à
relever : le premier consistera à maintenir un anonymat inviolable, car s’ils
sont découverts, ils seront assassinés aussitôt. Le deuxième consistera à
entretenir la communication inviolable avec les autres membres des réseaux, or,
au Gabon tous les téléphones sont sur table d’écoute. Ils devront donc se munir
d’un système inviolable de communication. Ce qui suppose donc une aide des
puissances étrangères.
2/ La désobéissance civile
Un gouvernement n’existe que parce que les gens acceptent de lui obéir. Jamais la dictature des Bongo ne pourrait contrôler le Gabon si les populations refusaient d’obéir à ses différents gouvernements. Pourtant la désobéissance civile, le refus de se soumettre ou l’insubordination, cette forme de lutte existe déjà depuis 1990 au Gabon. Les Gabonais ne se reconnaissent pas à travers les personnes qui les gouvernent et refusent leur autorité. Le pouvoir est obligé de payer grassement des gens pour qu’ils viennent assister à leurs tournées ou à leurs grandes messes propagandistes. La désobéissance civile se fait remarquer aujourd’hui au Gabon par ce que l’on peut appeler la campagne des poubelles : C’est une sorte de refus de suivre les recommandations des autorités. En effet les Gabonais déversent leurs ordures sur les routes ou passent habituellement les barons du régime. Puisque ces ordures ne sont pas déposées aux endroits de collecte, le ramassage est plus difficile. Ce qui fait que de tas d’immondices en tas d’immondices les villes sont devenues d’énormes poubelles. Un autre aspect du refus de l’autorité se fait remarquer au niveau du travail dans l’administration et dans l’enseignement. Comme nous l’avons dit dans le cas des grèves larvées, les travailleurs du secteur administratif fournissent un rendement tellement faible que dans les faits ils ne travaillent pas. Dans l’enseignement, les enseignants ne terminent pas les cours du programme annuel, car un temps énorme est consacré à la grève larvée donc à la désobéissance civile. Par ailleurs les Gabonais refusent maintenant l’interpellation des juges, magistrats ou autres autorités du régime Bongo.
La désobéissance civile
reste un dispositif important dans l'ensemble de la mécanique insurrectionnelle. Les militaires peuvent désobéirent aux ordres de tirer de leurs officiers. les matons peuvent refuser d’incarcérer des citoyens. Les fonctionnaires peuvent décider de ne plus obéir aux ordres de leurs supérieurs. Bref c'est le blocage de l'Etat. Curzio Malaparte l'a dit dans son ouvrage célèbre "Technique de coup d'Etat": La chute d'un pouvoir est une affaire de technicien. Pour regler une mécanique insurrectionnelle, il faut des technicien de l'insurrection.
Alors chers partisans du changement, au travail.
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