vendredi 27 juillet 2012

Corruption et prévarication : un mode de gestion de l’Etat Bongo-PDG


On peut définir la corruption ici comme un acte qui consiste à employer des moyens divers pour faire agir quelqu’un contre son devoir, sa conscience. Ces moyens peuvent être la menace (perte d’un poste, d’un avantage), l’argent, ou tout autre avantage pouvant exister. Celui qui utilise ces moyens, qui soudoie est le corrupteur, celui qui accepte et trahit les devoirs de sa charge est le corrompu. Le corrompu peut passivement accepter l’avantage ou le solliciter pour trahir les devoirs de sa charge. Dans les deux cas la relation de cause à effet reste la même. Les effets induits de la corruption sont énormes et sont payé par le peuple. Parmi ces effets on retrouve surtout les dommages économiques (factures surévaluées, livraison des routes et édifices non conformes, acceptation des machines défectueuses, acceptation des aliments avariés ou interdits, acceptation des médicaments périmés etc). Ensuite les dommages politiques (rupture du lien de confiance entre le citoyen et l’Etat, entre le citoyen et son représentant, méfiance envers tous les hommes politiques). Puis les conséquences administratives (généralisation de la corruption dans l’administration de l’Etat, où l’obtention du moindre document reste conditionnée par le versement d’un pot de vin au fonctionnaire). Les conséquences sociales (les citoyens n’ont plus droit aux services gratuits de l’Etat puisqu’ils doivent toujours débourser pour y avoir accès). La plus grave conséquence est l’affaiblissement de l’Etat au bénéfice du dictateur, corrompu international et corrupteur national suprême. Il accepte d’être corrompu, donc de trahir ses devoirs envers l’Etat et les citoyens pour rester au pouvoir, en même temps il corrompt les élites pour dominer la société. Il encourage la prévarication chez les élites et les fonctionnaires.



Une vue du carrefour Léon Mba, des étrangers d'origine nigériane y vendent des timbres de la commune de Libreville avec la complicité du pouvoir en place.

Depuis que le Gabon a été mis en coupe réglé par la confiscation de toutes les institutions de contre pouvoir et de contrôle de la République, après avoir museler le peuple, après l'élimination de toute forme d'opposition au Gabon le système a installé un état mafieux à l'image de l'Etat fiction pensé et dirigé par Foccart ; Un système ou « tout le monde a son prix fut-il celui de sa vie » dixit Omar Bongo.

Dans cette notre République bananière les maîtres mots sont corruption, détournement, vol. A cela s'ajoute la lâcheté et la flagornerie. Se servir reste la règle d'or. Le règne du vol, dés détournements en tout genre, de la corruption s'est installé depuis que les Bongo sont au pouvoir. Le Gabon depuis 1967, est devenu la plaque tournante de toutes les opérations clandestines de la Francafrique dans le monde entier.

Les peurs qui font que les consciences se soulagent comme des ventres 

Est-ce pudeur, honte ou hypocrisie ? Nul ne se hasarde vraiment à parler de corruption dans le système Bongo. De temps à autre un scandale éclate, dont le bruit s’éteint vite, et les pots de vin, commissions et autres bakchichs continuent leurs parcours au vu et au su de tout le monde. La corruption est pour le système Bongo une règle essentielle voir un incontournable credo dans la gestion quotidienne de l'Etat. Pourquoi s'en étonner si elle devient au Gabon une pratique répandue ? Le crédit acquis par les Bongo sur la scène internationale, grâce à la corruption et à un chantage soigneusement orchestré sur bon nombre des dirigeants occidentaux notamment français, incite les femmes et hommes honorables à fermer les yeux sur un passif lourdement criminel de la politique intérieur sinistre des Bongo. A ces dirigeants occidentaux corrompus par Bongo, la maxime de Bernanos trouve sa pleine grandeur : « Les peurs qui font que les consciences se soulagent comme des ventres ».

La corruption est au Gabon une institution, une pratique répandue, tellement huilée que même la morale populaire, qui paye de cette situation, ne la réprouve plus. La corruption règne du haut en bas de tout l’édifice social de la société. Le gabonais le plus démuni sait que la démarche administrative la plus banale auprès de l’administration n’aboutirait qu’au prix d’un bakchich ou d’un pot-de-vin. Les conducteurs ou les taximen passent un barrage routier de policier qu’au prix d’une poignée de cfa placé dans leur permis de conduire. Ceux qui vont à l’étranger c’est une autre poigné de cfa qu’il faut épingler à leur demande de passeport. Au sommet de l’Etat c’est pire. Toute les matières premières, minerais, pétrole, bois, or, huile de palme, hévéa, etc sont vendus en moyenne à 45% en dessous de leur valeur réelle. La différence des prix va directement dans des comptes numérotés en Suisse, aux îles Caïman, ou dans d’autres paradis fiscaux pour dictateurs. Pour des vrais pays, la corruption est un véritable drame : elle ronge les cadres dirigeants, elle ruine les ressorts du peuple, elle détourne vers divers paradis fiscaux des ressources indispensables. Bref, elle appauvrit encore les pauvres : c’est le cas patent du Gabon notre pays qui en souffre pour n’avoir connu que des roitelets aux affaires, surtout depuis l’arrivée de Monsieur Bongo au pouvoir. A cause de ses innombrables prête-noms, on ne sait pas réellement quel est le patrimoine de Bongo que l’on sait très riche. On lui reconnaît cependant être le premier propriétaire foncier du pays, importateur exclusif des denrées alimentaires, actionnaire majorité dans toutes les grandes boites du pays dans lesquelles il impose l’octroie de 10 à 51% des actions sans verser un rond, actionnaire des sociétés de production des boissons alcoolisées, il a en outre de nombreux placement à l’étranger. Il est, et c’est un fait avéré, le premier corrupteur de l’Etat et le premier corrompu de la République en chiffre d’affaire.

Depuis le début des années 70, le quadruplement du prix du pétrole, la corruption est devenue l’une des causes du sous-développement au Gabon. Il est vrai qu’il n’y a pas de corrupteurs sans corrompus, ceux que l’on a considérés (à tort) comme des élites ont montré au peuple qu’ils ont une lourde responsabilité dans la misère du pays. Que dire alors de ce régime qui a conditionné toute l’administration au vol, aux pots de vin ? Des industriels aux simples agents de l’Etat, tous, soutenus par la classe dirigeante, le scénario est le même. Une attitude cynique et un mépris aveugle de l’intérêt général. Plus que la peste hier, le sida aujourd’hui, la corruption tue notre pays et notre peuple. 

Quarante cinq ans de corruption ont constitué au Gabon un véritable cancer. Une maladie qui s‘est attachée malicieusement, et à petits coups, à un tissu social comprenant toute l’administration. Cette maladie a été et sera à la base du déclin de notre société. Elle apparaît aujourd’hui comme une peste sociale contre laquelle il faut livrer une guerre rude et sans merci. Pour paraphraser Bertol Brecht : « Une société qui ne change pas ses hommes est appelée à disparaître ». Ceci doit nous inspirer, pour que finisse à jamais ce règne institué de la corruption.

L’autre mamelle de ce pouvoir terne et insipide est la prévarication de l’Etat par le règne des privilèges aux dignitaires, les détournements de l’aide et des dettes contractées à l'extérieure. L’inflation et la dette extérieure résument toutes les faiblesses de l’Etat Bongo-PDG : l’une, tout comme l’autre servent à financer la survie artificielle du système. La dette, souvent présentée comme un obstacle au développement, est en vérité la conséquence de la mauvaise politique de gestion des finances de l’Etat et des ressources du pays.

Rappelons les faits. La dette gabonaise est l’escroquerie du siècle ! La raison essentielle pour laquelle le Gabon ne peut pas rembourser sa dette tient du fait que l’argent prêté par les banques occidentales a été réexporté vers des comptes privés en Suisse, aux Etats-Unis ou dans d’autres paradis fiscaux. Puisque ces capitaux n’ont pas étés investis dans les projets pour lesquels ils étaient destinés, il n’était plus possible à ces projets de produire la plus value nécessaire au remboursement de la dette. Cette escroquerie financière se double d’une imposture morale, car ce sont les pauvres gabonais qui sont aujourd’hui contraints de rembourser cette dette par une réduction brutale de leur niveau de vie.  Et ceci quand, dans le même pays, les barons du régime mènent un train de vie ostentatoire. Ce qui n’empêche pas Bongo et son gouvernement de se poser en défenseur du peuple gabonais en accusant les créanciers occidentaux de les étrangler, alors qu’ils ont, eux-mêmes avec leurs complices, placés les capitaux empruntés au nom de l’Etat, dans des banques à leur nom propre. Tout ceci n’est jamais dénoncé, et l’on assiste dans cette histoire à un retournement de culpabilité typique de la mauvaise conscience occidentale envers le tiers monde : C’est le débiteur qui s’estime léser et accuse les occidentaux de leur avoir, avec légèreté, prêté ! 

Pourtant, si les origines et la destination douteuses des fonds sont connues, Il reste que le Gabon est incapable de rembourser sa dette. Alors on ergote autour des aménagements techniques à apporter à ce remboursement, en se gardant bien d’aborder la seule question véritablement importante : pourquoi les capitaux fuient-ils le Gabon ? 

Il est bien vrai que l’argent a une tendance naturelle à quitter les pays mal gérés et à se mettre à l’abri des folies de la politique. Mais l’originalité du Gabon, c’est que les capitaux détournés et exportés ne reviennent jamais. L’indignation morale ne suffit pas pour condamner ce vaste détournement, ni même l’éthique des élites au pouvoir, mais le système politique qu’ils ont eux-mêmes mis en place. C’est ce système qui les a conduit à adopter un comportement économique nuisible à la nation.

Les détourneurs de fonds ont effectivement peur de leur propre Etat, peur de sa violence potentielle, de ses violations du droit, de son mépris pour l’épargne et de la propriété publique. Ils sont, de toute façon, convaincus que les nombreux crimes qu’ils ont commis ne resteront pas impunis et tôt ou tard ils devront en répondre. C’est pourquoi ils vont cacher l’argent volé ailleurs. Et ça durera tant que l’Etat de droit ne sera pas mis en place. 

Jean Ndouanis


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