dimanche 29 juillet 2012

Deuxième piste pour l'accession du peuple à la souveraineté


Conférence nationale et accords de paris ; deux essais deux échecs.

Les négociations politiques sont une voie qui peut permettre d’accéder à l’alternance politique au Gabon à condition que les acteurs de cette négociation tiennent leurs engagements. Cela permet en tout cas une sortie honorable pour les oligarques du régime : le peuple pourrait leur accorder le pardon contre l’abandon du pouvoir. Mais l’expérience des négociations menées entre Bongo et les représentants de l’opposition au Gabon n’a démontré qu’une chose : l’art de Bongo de niquer son prochain à la moindre occasion. Ces négociations ne lui permettaient que de gagner du temps pour mieux asservir et corrompre le camp adverse, en lui déversant des milliards qu’il volait au peuple gabonais. Même dans des négociations internationales ou il était sensé être le médiateur, Bongo n’avait qu’une seule tactique corrompre les membres d’un camp pour que celui-ci s’aligne sur les points de vue du camp qu’il a choisi et qu'il soutien. Les cas de la Centrafrique, du Congo Brazza, du Congo RDC, de la Côte d’Ivoire, et bien d’autres encore l’attestent. Bongo était un roublard, corrupteur international qui n’avait qu'une phrase à la bouche : "tout homme a son prix, y compris celui de sa vie". S’il était incapable de t’acheter par l’argent, il te terrorisait autrement, s’il n’arrivait pas à ses fins, il t’éliminait physiquement. Son fils Ali Bongo est l'héritier de toutes ces pratiques criminelles.

Le cas des négociations politiques au Gabon est un exemple du modus vivendi de la dictature des Bongo. Acculé par la grande grève des étudiants, et du peuple gabonais en 1990 et surtout atterré par l’exécution de son ami le dictateur Nicolas Caucescu, Omar Bongo dans la précipitation dissous tour à tour son parti politique le PDG et crée le RSDG. L’opposition comprend que Bongo cherche à gagner du temps. Les partisans du changement revendiquent et obtiennent l’organisation d’une conférence nationale qui consacre le multipartisme et la démocratie immédiate. Dés lors tout le monde croit que Bongo a changé et qu’il accepte enfin la liberté de choix du peuple. Il dira d’ailleurs à des journalistes français venus l’interviewer « … qu’il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas. » Ce qui ont voulu croire que Bongo n’était pas un imbécile, en ont eu pour leur frais, car le roitelet a démontré avant même la fin de la conférence nationale qu’il ne changera jamais. Il a commencé par faire assassiner le leader de l’opposition Joseph REDJAMBE, Président du Front Uni des Associations à Politique, FUAPO. Les journalistes qui couvraient ces événements se sont vus à maintes reprises se faire embastiller, quand ils ne subissaient pas des sévices corporels et autres actes d’intimidation.  Les émeutes consécutives à l’assassinat du leader de l’opposition ont embrasé Libreville, Port-gentil, Lambaréné, Tchibanga, Mouila, c’est à dire les principales villes du pays.

Ce fut l’occasion pour la France d’envoyer son armée coloniale pour venir sauver Bongo. Sans l’intervention de cette armée étrangère Bongo ne serait plus au pouvoir.

La police politique du régime en a profité pour éliminer physiquement les opposants incorruptibles. En assassinant Rédjambé, Bongo visait trois buts :
1/ se venger de l’outrecuidance des conférenciers, des vérités, des injures et autres humiliations subies au cours de cette conférence nationale ; En effet les opposants avaient imposé au régime de signer des garanties de sécurité sur leurs vies. Bongo a signé un décret dans ce sens, mais la parole d’un singe sur un bout de papier a plus de valeur que celle de cet homme? L’intransigeance dans les revendications, notamment celles sur le mandat en cours de Bongo en 1990, et sur la suite et le caractère obligatoire de l’application des résolutions de la conférence nationale ont valu la mort à Joseph Rédjambé, qui seul, à l’époque avait compris qu’il fallait éviter toute gradation dans les négociations avec Bongo. En assassinant cet homme la position de l’opposition devrait forcément être modérer car plus personne ne pouvait, au risque de perdre sa vie, poursuivre dans la lancée du très charismatique Joseph Rédjambé.
2/ casser la dynamique de la conférence nationale qui avait déjà banni la peur, cet assassinat offrait l’occasion à Bongo de rappeler aux gabonais qu’il était toujours le seul maître du Gabon ;
3/ mettre le trouble dans l’esprit des conférenciers pour que la conférence se termine dans le chaos et que les résolutions de ce forum soient nulles et non avenues. Aucune instance de suivi n’a été mise en place vu le désordre et le régime de la terreur qui s’est installé au Gabon après ce forum.

Finalement la conférence nationale qui était un forum de négociation entre gabonais, pour établir un Etat de droit, a échoué devant l’appétit gargantuesque de pouvoir d’Omar Bongo. Les résolutions, faites dans la précipitation de la cloture de la conférence nationale, ont étés ignorées tout simplement par Bongo et ses partisans. Arguant que cela ne les engageaient nullement (dixit Oyé Mba Casimir, premier des ministres de Bongo en 1990). Ces résolutions sont aujourd’hui dans les poubelles de l’histoire.

Les accords de Paris, constituent un autre exemple d’échec de négociations politiques avec la dictature de Bongo. Ces accords ont pourtant été validés par un référendum organisé par Bongo et son équipe. La population a répondu oui à l’application de ceux-ci, mais pour Bongo, ce genre d’indications n’a pas de valeur à ses yeux. Ceux qui sont parti aux bords de la seine pour en négocier les contours, n’ont été, finalement, qu’en villégiature. Ces accords devaient éloigner le spectre de la guerre civile initié après le hold-up électoral de Bongo en décembre 1993. En effet, après le coup d’Etat électoral de Bongo de 1993 et les incidents de guérilla urbaine qui s’en sont suivi Maître Agondjo Okawé a proposé une paix des braves qui s’est concrétisée par les fameux accords de Paris. Une fois de plus Bongo n’a vu qu’en ceux-ci un moyen de plus pour gagner du temps aux fins de tromper le peuple gabonais.

La voie de la négociation avec la dictature Bongo-PDG pour parvenir à l’alternance politique est impossible. Il trompera toujours le peuple et ceux qui chercheront à négocier avec Bongo ne chercheront qu’à se faire des postes pour voler et assassiner le peuple. Bongo, c’était établi depuis longtemps voulait mourir au pouvoir et y laisser son fils : ce rêve s’est réalisé et ce n’est pas des négociations postiches qui l’ont empêché de dormir tout en réalisant son rêve.
Aujourd’hui une partie de l’opposition prêche pour des négociations politiques. Qu’elles s’appellent conférence nationale souveraine ou concertation nationale, c’est la même chose : c’est du pipot. On se rappel que les demandeurs actuels de cette concertation, étaient justement ceux qui ont saboté l’application des résolutions de la conférence nationale et les accords de Paris. Ils étaient aux affaires, ils ont soutenu, contre le peuple la tyrannie d’Omar Bongo. Le peuple aura du mal à les suivre, bien qu’il a la mémoire courte.
Suivant le principe de la causalité « Les mêmes causes reproduisent les mêmes effets », les négociations politiques avec le régime des bongo reproduiront les mêmes effets : l’échec, renforcement du pouvoir grâce à une caution des acteurs politiques, pérennité du pouvoir, destruction des perspectives démocratiques, violations des droits humains économiques, politiques et sociaux, renforcement de l’impunité, injustice, protection des criminels rituels et autres assassins, déliquescence et corruption, bref. C’est la conséquence des négociations avec le régime des Bongo. En effet le zéro accouplé au néant, ne produit rien du tout. Le Gabon reste toujours dirigé par une dictature qui a vu son évolution vers une monarchie ethno-tribale totalitaire.
En définitive les rencontres spectacles ou la concertation n’est conçue que pour donner l’apparence d’un dialogue politique entre gabonais alors que la décision est le fait et la volonté d’un seul, à son seul bénéfice, pour nourrir ses seules ambitions et éventuellement ceux de son groupe ou de sa famille, n’intéressent plus les gabonais. Ceux-ci pensent que ce sont des forums inutiles car s’ils permettent aux uns de s’enrichir par l’entrée dans les fameux « gouvernements de large consensus, de combat ou autres machins chose », ils ne permettent pas aux gabonais d’accéder à la liberté, à la démocratie et à l’Etat de droit. En tout cas ces forums n’ont pas permis de chasser les Bongo du pouvoir, dans une large mesure et dans une moindre, ils n’ont pas permis au gabonais de manger à sa faim, de se soigner sans frais, de s’instruire, de se loger, de travailler en ayant un salaire décent. C’est bien connu, les joutes oratoires au cour desquelles l’élégance du menton est la norme ne changent rien chez des gens qui prennent leurs interlocuteurs pour des chiens qui aboient, pendant que, eux, les caravaniers, passent paisiblement leur chemin. Non chers amis, les négociations ne devraient être orientées que vers un seul objectif : le départ des Bongo du pouvoir sans condition. Les autres arrangements ne sont là que pour permettre aux Bongo de rester au pouvoir.

Troisième piste à examiner prochainement:- La voie de la justice nationale et internationale

Jean Ndouanis

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