dimanche 12 août 2012

Septième piste d’accès du peuple à la souveraineté : Les soulèvements populaires et la désobéissance civile


Pour notre conscience

Le biologiste et philosophe français Henri Laborit avait en son temps émis l’hypothèse selon laquelle face à l’oppression, l’être humain n’avait que trois possibilités fondamentales : la soumission, la lutte ou la fuite. Dans la grille d’analyse sociobiologique qu’il a élaborée, le suicide constitue la forme de fuite la plus extrême. Face à la crise programmée qui s’abat sur le Gabon, puissent les victimes de l’injustice du régime Bongo-PDG ne jamais oublier que le meilleur antidote à la souffrance engendrée par un système quel qu’il soit est justement de combattre celui-ci.

Francisco José de Goya y Lucientes (peintre et intellectuel espagnol qui a soutenu la révolution française contre ses pairs) disait « Le sommeil de la raison engendre des monstres », Ce blog renchérit en disant que celui de la vertu, lui, entraine des catastrophes.
Le sommeil de la raison engendre des monstres
Oeuvre du peintre Francisco José de Goya, 

Si nous lisons attentivement la liste de nécrologies du quotidien gouvernemental « L’Union » qui s’allonge de jour en jour un peu plus, nous verrons que ce sont des ouvriers, des chômeurs, de petits entrepreneurs, des retraités, des travailleurs pauvres, des enfants, des femmes enceintes, des étudiants, des élèves, bref laquelle nous ajouterons la disponibilité à la boucherie sociale du gouvernement de l’Etat Bongo-PDG. C’est le coût humain payé quotidiennement par les gabonais à la crise générée par un système corrompu et incompétent. Il s’agit ici d’un massacre d’État. Et c’est juste, parce que les politiques économiques, les règlements, les défaillances des pouvoirs publics de l’Etat Bongo-PDG ne sont pas innocents. Ce gouvernement de comiques ignore ces morts. Il préfère enfouir la tête du pays dans les sables mouvants de ses excès : 80 voyages par an en raison de cinq millions d’euro par voyage, des achats de prestige, des dépenses inopportunes, des compétitions sportives et de forums bidons qui ont pour seuls buts que de se satisfaire d’un égo démesuré et d’un gout de gloriole démentiel d'un dictateur d'un autre temps, bref, aucune rationalisation des choix dépensifs par rapport aux nécessités des gabonais.

Ne pas combattre ce système revient donc à se suicider. Il ne s’agit plus ici de la simple soumission mais du stade ultime de la fuite : le suicide. En se suicidant on fuit devant ses responsabilités dans l’espoir bien réel de ne pas être poursuivi au delà de la mort. Les gabonais qui ne combattent pas ce système contribuent, par leur indifférence à la mort programmée du Gabon et à la dissolution de notre souveraineté. Ceux qui soutiennent ce système sont auteurs ou complices des massacres d’Etat en cours et ils devront en répondre devant le tribunal du peuple.

Pour ceux qui hésitent encore, ce blog a le devoir de rappeler quelques principes qui soutiennent leurs droits à disposer de leur liberté :

Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément (article 3déclaration universelle des droits de l’homme du 26 août 1789).

Déclaration des droits de l'homme 1789
«Tout acte exercé contre un homme hors des cas et sans les formes que la loi détermine, est arbitraire et tyrannique ; celui contre lequel on voudrait l’exécuter par la violence a le droit de le repousser par la force» (Article 11 des Droits de l’Homme et des Citoyens de 1793).

L’article 35 de la déclaration du 24 juin 1793 : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l'insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. »

A la lecture de ces différents textes, la résistance à l'oppression se traduit comme un devoir et une obligation morale à l’opposition au gouvernement Bongo-PDG, qui dans ses actions ou inactions, bafoue, viol, néglige les droits élémentaires et naturels du peuple gabonais.

Après que toutes les autres formes d'opposition légale aient été épuisées (pétition, manifestation, grèves, négociations, conférences nationales, accords de paris ...), l'insurrection est pour le peuple, et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. 

Les gabonais ont le droit de mener toute action, de prendre toute initiative allant dans le sens de la défense de leurs droits contre la tyrannie et l’arbitraire d’un pouvoir illégitime.

On voit que pour recouvrer notre souveraineté les pistes pour faire tomber le régime le plus autoritaire d’Afrique sont nombreuses. L’insurrection, qu’elle soit violente ou non violente, est l’une d’elle.

Aujourd’hui nous entamons la deuxièmes partie de l’examen des pistes d’accès du peuple à la souveraineté confisquée.

Patriotiquement
Jean Ndouanis

 

Septième piste d’accès du peuple à la souveraineté : Les soulèvements populaires et la désobéissance civile

1/ Les soulèvements
Joseph Rédjambé Issany, opposant gabonais assassiné
par Ali Bongo et son père adoptif.

Les soulèvements populaires au Gabon ébranlent souvent le pouvoir au point ou il est obligé de faire quelques concessions bien vite oubliées dés que la tension sociale baisse. Ces soulèvements sont malheureusement plus émotifs (assassinats, revendications politiques, corporatistes…) que révolutionnaires ou idéologiques. 

En effet, ils se font presque souvent à la suite de l’assassinat d’un leader de l’opposition, comme ce fut le cas en 1990 avec l’assassinat de Joseph Redjambé, ou à la suite des élections truquées, ou même des mesures sociales impopulaires. Mais ces soulèvements sont malheureusement limités dans le temps, deux ou trois jours au plus. En plus, les partis de l’opposition autorisée sont quasi inexistants pour entretenir la flamme des revendications politiques, syndicales ou sociales de peur d’être taxé de comploteur contre le régime de Bongo.

Il est vrai que suivant les travaux du sociologue français Gustave Le Bon à la fin du XIXème siècle, les adultes, lorsqu’ils réagissent à une émotion collective, se comportent comme des enfants. Ils deviennent influençables à la suggestion d’un meneur qui incarne pour eux durant un instant la figure paternelle.
Mais le succès de cette piste dépend de faiblesses à l'intérieur du système Bongo-PDG. 

Le principe est simple : exacerber toutes les frustrations, rendre l’autorité politique responsable de tous les problèmes, manipuler des jeunes selon le scénario freudien du « meurtre du père », pousser l’armée à organiser un coup d’État, et faire croire que les membres du gouvernement se sont enfuit ou ont fait défection, renverser le gouvernement par la rue.

Cette piste mérite toute l’attention des partisans du changement. Il faudrait mettre en place deux réseaux totalement séparés et sans contact. Ceux-ci doivent êtres coordonnés par une cellule très réduite des membres, deux ou trois au plus. Le premier réseau aura pour rôle d’infiltrer le pouvoir et surtout les services de renseignements. Il aura la double mission d’intoxiquer le pouvoir en y ventilant des fausses informations et d’autre part de renseigner la coordination sur les actions projetées par le pouvoir. Le deuxième réseau doit s’infiltrer au niveau des manifestations son rôle sera d’entretenir la flamme du mouvement pendant plus de quatre jours. Etant au feu de l’action, ils surveilleront les actions des leaders du mouvement de revendication, ils dénonceront donc à l’ensemble du mouvement les éventuelles compromissions des leaders avec le pouvoir. Ils imposeront des objectifs clairs de leurs revendications qui devraient êtres impossibles à réaliser par le pouvoir. Il faudrait dans ce réseau des personnes de conviction, engagées et très courageuses. Il est rare de trouver ce type de personnes au Gabon mais elles existent.

 Ce mouvement devrait être mené de concert dans toutes les  grandes villes comme Libreville, Port-Gentil, Lambaréné, Mouila, Tchibanga, Makokou, Oyem, Franceville et Koulamoutou. Un soulèvement populaire bien organisé et suffisamment secret peut entraîner la chute de la dictature de Libreville, mais à quel prix ? Il y a toujours un prix à payer pour la liberté, le Gabon n’a toujours pas eu sa liberté, il faudra pourtant qu’un jour elle l’obtienne, même au prix du sang versé par les nombreux martyres d’une société libre et totalement indépendante. Quoi qu’il en soit la coordination aura deux défis à relever : le premier consistera à maintenir un anonymat inviolable, car s’ils sont découverts, ils seront assassinés aussitôt. Le deuxième consistera à entretenir la communication inviolable avec les autres membres des réseaux, or, au Gabon tous les téléphones sont sur table d’écoute. Ils devront donc se munir d’un système inviolable de communication. Ce qui suppose donc une aide des puissances étrangères.

2/ La désobéissance civile

Un gouvernement n’existe que parce que les gens acceptent de lui obéir. Jamais la dictature des Bongo ne pourrait contrôler le Gabon si les populations refusaient d’obéir à ses différents gouvernements. Pourtant la désobéissance civile, le refus de se soumettre ou l’insubordination, cette forme de lutte existe déjà depuis 1990 au Gabon. Les Gabonais ne se reconnaissent pas à travers les personnes qui les gouvernent et refusent leur autorité. Le pouvoir est obligé de payer grassement des gens pour qu’ils viennent assister à leurs tournées ou à leurs grandes messes propagandistes. La désobéissance civile se fait remarquer aujourd’hui au Gabon par ce que l’on peut appeler la campagne des poubelles : C’est une sorte de refus de suivre les recommandations des autorités. En effet les Gabonais déversent leurs ordures sur les routes ou passent habituellement les barons du régime. Puisque ces ordures ne sont pas déposées aux endroits de collecte, le ramassage est plus difficile. Ce qui fait que de tas d’immondices en tas d’immondices les villes sont devenues d’énormes poubelles. Un autre aspect du refus de l’autorité se fait remarquer au niveau du travail dans l’administration et dans l’enseignement. Comme nous l’avons dit dans le cas des grèves larvées, les travailleurs du secteur administratif fournissent un rendement tellement faible que dans les faits ils ne travaillent pas. Dans l’enseignement, les enseignants ne terminent pas les cours du programme annuel, car un temps énorme est consacré à la grève larvée donc à la désobéissance civile. Par ailleurs les Gabonais refusent maintenant l’interpellation des juges, magistrats ou autres autorités du régime Bongo. 

La désobéissance civile reste un dispositif important dans l'ensemble de la mécanique insurrectionnelle. Les militaires peuvent désobéirent aux ordres de tirer de leurs officiers. les matons peuvent refuser d’incarcérer des citoyens. Les fonctionnaires peuvent décider de ne plus obéir aux ordres de leurs supérieurs. Bref c'est le blocage de l'Etat. Curzio Malaparte l'a dit dans son ouvrage célèbre "Technique de coup d'Etat": La chute d'un pouvoir est une affaire de technicien. Pour regler une mécanique insurrectionnelle, il faut des technicien de l'insurrection.

Alors chers partisans du changement, au travail.

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